VIE ETUDIANTE
À la rencontre de M. Abdou Ndiaye DIOP, Chercheur en Économie agricole au Laboratoire de Recherche en Economie de Saint-Louis (LARES) de l’UFR SEG, lauréat du : « Prix AgriData pour le développement agricole durable au Sénégal » 2022.
DCM : Pouvez- vous vous présenter ?
Je me nomme Abdou Ndiaye DIOP, je suis chercheur en Économie agricole au Laboratoire de Recherche en Économie de Saint-Louis (LARES) de l’Université Gaston Berger. Je suis natif du département de Thiès où j’ai suivi mon cursus de l’école coranique au Lycée. J’ai eu mon baccalauréat Sciences Expérimentales (série S2) en 2011 au Lycée Ahmadou Ndack Seck de Thiès. Après l’obtention de ma Licence en Économie appliquée et mon Master 2 en Économie option Développement Rural et Coopération (DRC), mémoire soutenu en 2017 à l’UGB, j’ai été lauréat de la première promotion du Programme Sénégalais pour l’Entrepreneuriat des Jeunes (PSE-J) en 2015. Cette distinction m’a permis d’obtenir le Diplôme Supérieur d’Entrepreneur Manager (DISEM) en 2016 dans le secteur agricole avec un projet portant sur le manioc. J’ai également fait un master en Méthodes Statistiques et Économétriques.
Très passionné par le secteur agricole, j’ai commencé mes travaux de recherche sur les performances agricoles des systèmes irrigués dans la Vallée du Fleuve Sénégal au LARES en 2017 après un projet qui m’a conduit au Bureau d’Analyse Macroéconomique de l’ISRA à Dakar, suivi un autre projet au Centre de Recherche Agricole de Saint-Louis (ISRA/CRA-Saint-Louis). Dans ma thèse, j’aborde la problématique de la taille des exploitations agricoles dans la vallée du point de vue de la performance productive des systèmes irrigués. Je m’intéresse particulièrement à l’Économie agricole, aux Politiques agricoles, à la Gestion des exploitations agricoles, aux Enquêtes de terrain, à la Statistique, à l’Analyse et au Traitement de données.
DCM : Pourriez-vous revenir sur votre article qui vous a valu cette distinction ?
Le travail qui nous a valu cette distinction s’intitule : « Évolution des politiques agricoles au Sénégal de 2000 à 2019 : une analyse sur l’efficacité des programmes et projets ». Cet article aborde la question des politiques agricoles au Sénégal sous l’angle de l’efficacité des programmes et projets pilotés depuis l’an 2000. Ce travail a été présenté lors d’un séminaire au LARES et nous avons eu des critiques très constructives. Ces critiques pertinentes, formulées par des membres du LARES, nous ont permis d’affiner le travail avant de le soumettre au Prix AgriDATA.
Le Sénégal dispose d’atouts majeurs, à savoir des terres fertiles, de l’eau et une population jeune. Malgré tout ce potentiel, le pays dépend toujours de l’extérieur pour nourrir sa population et ces importations ont un impact négatif sur sa balance commerciale, qui demeure déficitaire depuis des années. Face à cette situation, plusieurs programmes et projets ont été lancés sur la période 2000-2019 : Programmes spéciaux 2002, PRACAS 2014, plan REVA 2006, PNAR 2007 et la GOANA 2008.
En dépit de ces programmes et projets, le Sénégal reste dépendant des importations, le monde rural se dévitalise davantage et l’émigration clandestine gagne du terrain. Dans ce contexte, il convient de s’interroger sur l’efficacité de ces programmes et projets, car une politique agricole à trois objectifs : nourrir la population, créer des emplois et développer durablement les zones concernées.
Ainsi, à partir de données issues des Enquêtes Agricoles Annuelles de la DAPSA (Direction de l’Analyse, de la Prévision et des Statistiques Agricoles) et de la plateforme AgriData, nous avons évalué les programmes et projets pilotés au cours des 20 dernières années en examinant deux indicateurs : la productivité agricole et le niveau d’emploi.
DCM : Quels sentiments vous animent après le choix de votre publication parmi les 40 présélectionnées ?
C’est un immense honneur de remporter la première édition de ce prix, dédié au Dr Jacques DIOUF, un grand chercheur qui a beaucoup fait dans la recherche agricole et agronomique, et aussi sur le foncier. Être lauréat du 1èr Prix de la première édition du Prix AgriData pour le développement agricole durable au Sénégal est un privilège, une consécration dont rêve tout jeune chercheur.
C’est un objectif atteint et je suis reconnaissant envers mes encadreurs, à l’équipe pédagogique de l’UFR SEG, au LARES, à ma famille et à mes amis.
C’est donc un sentiment de joie, mais aussi de gratitude envers toutes les personnes qui m’ont soutenu et cru en moi dès mes premiers pas dans la recherche, celles qui ont porté une oreille attentive à mes interrogations, et qui ont su me comprendre et me conseiller pertinemment.
DCM : Pourquoi vous vous intéressez dans vos recherches aux questions agricoles au Sénégal ?
Dans mes travaux, je m’intéresse aux questions agricoles pour deux raisons. D’une part, c’est par amour, d’autre part, je veux contribuer au développement du Sénégal et à son indépendance alimentaire : le développement d’un pays passe par l’agriculture.
DCM : Quelle appréciation faites-vous de la qualité de la formation à l’UGB ?
Je suis un pur produit de l’école publique sénégalaise, un sanarois à qui l’UGB a largement contribué dans sa formation. Si j’ai pu avoir des compétences et des aptitudes dans la recherche et la rédaction de projet de recherche, c’est grâce à la formation reçue à l’UGB et au soutien du laboratoire LARES. C’est pour vous dire que la formation à l’UGB reste une formation de qualité. Certes nous traversons des moments difficiles ces dernières années avec des crises internes à répétition, mais le culte de l’excellence est toujours présent à l’UGB.
DCM : Quel message vous lancez à vos cadets et/ ou cadettes étudiants de l’UGB ?
Généralement, les produits de l’UGB font toujours des performances remarquables, mais les crises répétitives constatées ces dernières années impactent négativement sur la qualité de la formation. Ce constat révèle la nécessité d’évaluer le système et de s’interroger sur l’avenir de l’UGB et de ses produits.
Un jour, un jeune frère délégué m’a dit : « le combat continue ». Je m’interroge : comment le combat doit-il continuer aujourd’hui ? Devons-nous continuer à casser et à brûler ce qui nous appartient ? Devons-nous continuer à bloquer le système à l’interne inutilement ? Devons-nous continuer les fronts avec les policiers et exposer gratuitement les jeunes étudiants ?
Je réponds par la négative à ces différentes questions, car ce sont les jeunes étudiants qui paient toujours les pots cassés avec des années invalides, des sessions uniques et des années qui se chevauchent. Pour éviter une telle situation, je demande donc à mes frères et sœurs d’être plus conscient, plus patient et plus stratégique pour offrir une meilleure image de l’UGB et garder le cap de l’excellence. Bien sûr, nous devons mener les combats et défendre l’intérêt des étudiants, mais ces combats doivent être menés intelligemment et intellectuellement.
DCM : Quel est votre dernier mot ?
Je lance un appel aux autorités responsable des écoles doctorales, des formations doctorales et des laboratoires de recherche pour un meilleur accompagnement des jeunes chercheurs dans un environnement propice à la recherche. Il s’agit d’impliquer davantage les doctorants dans les prises de décisions pour mieux appréhender les réalités socioéconomiques des jeunes chercheurs. Il faut également impliquer les jeunes chercheurs pour que la relève soit assurée.
Enfin, je saisis cette occasion pour remercier le Directeur du laboratoire LARES, Pr Cheikh Tidiane Ndiaye, le Directeur de l’UFR SEG, Pr Abdoul Aziz Ndiaye, tous les membres du LARES ainsi que l’ensemble du personnel pédagogique et administratif de l’UFR SEG. Un grand merci à mes Co-directeurs de thèse, Pr Mamadou Abdoulaye Konté et le Dr Bruno Barbier du CIRAD, pour leurs orientations, conseils et encouragements. Je remercie également mon jeune frère, mon bleu et ami Cheikh Gueye et tous mes amis des différents laboratoires du bâtiment MIAGE pour leur collaboration et leur regard critique porté souvent sur mes travaux et présentations.
Merci !