Une conférence sur le thème « la protection des données personnelles et la cybercriminalité dans l’environnement numérique », organisée par le Centre de Calcul Ousmane Seck (CCOS), s’est tenue le 20 Novembre 2021 à l’Amphithéâtre CRAC. Se sont succédés lors de cette activité scientifique, des conférenciers de haute facture, le Professeur Ahmad Bamba MBACKE, Enseignant-chercheur à l’ESP(UCAD), Professeur Mamadou NIANE, Direction des Affaires Juridiques et des Contentieux de la Commission de Protection des Données Personnelles(CDP), Monsieur Pape Assane TOURÉ, Magistrat et le Docteur Tapsirou BA, Enseignant-chercheur à l’UFR SJP. Cette conférence a pour but d’informer et de sensibiliser sur les enjeux et défis du numérique.
Après son mot de bienvenue, le Professeur Chérif Diallo, Directeur du CCOS, a félicité, au nom du Recteur empêché, le Centre de Calcul pour cette belle initiative, et remercié les conférenciers de leur présence. Dans la même dynamique, il rappelle que cette conférence concerne tous les secteurs d’activités allant du public au privé. « Cette journée révèle la posture de l’UGB devant les grandes interrogations du moment », a-t-il affirmé. Le professeur Chérif Diallo a lancé un appel à poursuivre ces animations scientifiques, afin de trouver des solutions aux défis du monde menacé par la cybercriminalité.
Pour sa part, le Professeur Ahmad Bamba Mbacké aborde le thème portant sur les « menaces et risques liés aux données personnelles ». Il a fait observer que l’essor d’Internet est devenu fulgurant, au point de connaitre un fort engouement dans le monde, et plus particulièrement en Afrique et au Sénégal.
Professeur Ahmad Bamba Mbacké a fait remarquer que l’usage d’Internet, même s’il présente beaucoup d’avantages, pourrait toutefois accroître les risques et menaces de piratage, de récupération frauduleuse de données personnelles.
Sous ce rapport, il souligne que ces risques pourraient directement affecter l’économie et la stabilité du pays, à travers des ransomwares et des piratages électoraux. Ces menaces de piratage deviennent l’une des préoccupations majeures de l’Etat du Sénégal. Pour cela, « Il faut une politique globale de protection des données personnelles pour garantir notre souveraineté économique et politique, car nous stockons nos données dans d’autres pays » précise-t-il.
En outre, M. MBACKE rappelle que les entreprises comme les usagers de l’outil Internet, deviennent de plus en plus des cibles de cyberattaques, d’où la nécessité d’une politique internationale permettant d’assurer la sécurité des données à caractère personnel. Il ressort de son analyse que la menace des cybercriminels revêt plusieurs formes, et affecte directement ou indirectement la vie des utilisateurs.
Quant à Monsieur Niane, il a présenté la thématique sur « la protection des données personnelles dans l’environnement numérique ». Selon lui, la protection juridique des données personnelles devient une nécessité impérieuse, face à l’utilisation illégale des données. Ce cadre juridico-légal est encadré par des textes en conformité avec le code pénal sur la cybercriminalité. À cet égard, le régulateur dispose d’outils et de leviers pour agir conformément aux textes en vigueur.
Sous cet angle, la jurisprudence est, de facto, applicable dans certaines situations concernant des faits de cybercriminalité bien spécifiques au secteur public et privé. « La révolution numérique affecte même le cadre juridique et légal de l’Etat » confie-t-il. A cet effet, l’Etat s’est adapté suivant un nouveau cadre juridique applicable aux données personnelles.
De son côté, Monsieur TOURE a axé sa communication sur « le droit pénal à l’épreuve de la cybercriminalité ».A ce propos, il précise la spécificité et la complexité de la cybercriminalité dans le droit pénal, en ce sens qu’il n’est pas pris en compte par le droit pénal classique. « La cybercriminalité est un phénomène complexe à définir sur le plan juridique, à cause de l’aspect archaïque de nos textes et lois » affirme-t-il. A ce titre, il préconise la mise à jour et la réinitialisation de notre système pénal permettant ainsi de s’adapter au nouvel enjeu du phénomène cybercriminel. A noter aussi que la justice tend vers un cyber-droit pénal des TIC avec l’adoption de nouvelles lois sur l’usage des contenus numériques. Selon Monsieur TOURE, la solution réside dans le renforcement de la coopération internationale et la consolidation des capacités des acteurs de la justice pour assainir l’environnement numérique.
Précisons que la CDP (Commission de Protection des Données Personnelles) est l’autorité qui régule le traitement des données à caractère personnel au Sénégal.
Une série de questions/réponses entre les conférenciers et le public a mis fin à cette conférence.